Attaque de l’Ocean Viking

  • Post category:Tribune libre

Dimanche 24 août 2025, l’Ocean Viking, navire de sauvetage sous pavillon norvégien et affrété par l’ONG SOS Méditerranée, a été la cible d’une attaque violente et sans précédent de la part des garde-côtes libyens.

Le navire naviguait dans les eaux internationales à environ 40 milles au nord des côtes libyennes, avec 87 rescapés à bord, secourus lors de deux opérations de sauvetage menées quelques heures plus tôt. Alors que le navire effectuait une troisième opération en coordination avec les autorités italiennes, un navire patrouilleur libyen s’est rapproché à très courte distance et lui a intimé brutalement l’ordre de quitter la zone et de faire cap au nord. 

L’Ocean Viking a alors tenté de prendre contact avec le patrouilleur pour lui expliquer la situation. Puis, le patrouilleur se contentant de continuer à hurler ses ordres sans rien vouloir entendre, l’Ocean Viking a commencé à modifier sa route comme demandé et s’est alors subitement trouvé la cible du navire libyen. Sans aucune sommation, des rafales de tirs ont visé l’équipage, les rescapés et le navire dont les vitres de passerelle ont été brisées et les matériels endommagés. L’attaque a duré plus d’une vingtaine de minutes. Toutes les personnes se sont réfugiées à l’intérieur du navire et heureusement il n’y a pas eu de victimes.

Dans son communiqué, SOS Méditerranée déclare : « Les hommes masqués ont délibérément visé notre équipe sur la passerelle, où se trouvent les postes de navigation. Les balles ont brisé des vitres, détruit des antennes et endommagé nos canots de sauvetage rapides »  

L’Ocean Viking a lancé un appel de détresse mais n’a reçu aucun secours ; seulement un simple accusé de réception des autorités Italiennes qui ne semblent pas avoir pris la mesure de l’événement. L’agression a été filmée depuis le bord et les communications radio enregistrées. La vidéo est disponible sur : (https://youtu.be/qv8V3tHU6w0).

SOS Méditerranée, par la voix de sa directrice, Sophie Beau, a déclaré :

« Nous exigeons une enquête complète sur les événements de dimanche après-midi et que les responsables de ces attaques mettant nos vies en danger soient traduits en justice …. Nous exigeons également la fin immédiate de toute collaboration européenne avec la Libye »

Le navire a fait ensuite route vers Syracuse, avec l’accord des autorités italiennes, pour débarquer les rescapés et effectuer les réparations nécessaires. Un cas de tuberculose ayant été constaté et identifié à bord, l’équipage a été consigné à bord par les autorités italiennes.

Dans les jours qui ont suivi, le navire égyptien de soutien à l’offshore, le Maridive, a porté secours à une quarantaine de naufragés qui sont restés à bord pendant plusieurs jours dans les conditions que l’on imagine. C’est un autre navire de sauvetage, l’Aurora, de l’ONG Sea Watch, qui les a finalement pris en charge.

Les agressions et multiples contraintes administratives dont sont victimes les navires effectuant des missions de sauvetage en Méditerranée convergent toutes à dissuader ces organisations humanitaires d’accomplir leurs missions dans le respect du droit maritime international. Le cas de l’attaque de l’Ocean Viking par le patrouilleur libyen dans les eaux internationales est particulièrement édifiant. En l’absence de ces moyens et en cas de détresse, les navires de commerce seront davantage requis par les MRCC. Ils devront se dérouter et porter secours avec les moyens limités qui sont les leurs et les risques afférents, comme celui de subir des tirs.

Cela pourrait ramener le sauvetage en Méditerranée à l’époque où le pétrolier Maersk Etienne qui, après avoir recueilli 27 naufragés en août 2020, avait dû les conserver 38 jours à bord.

Un nouvel incident s’est produit le 26 septembre 2025 avec le navire SEA WATCH 5, démontrant que la réitération de ce genre d’évènement grave est malheureusement possible.

L’AFCAN tient à alerter les autorités maritimes, leur demandant de tout mettre en œuvre pour que toute la lumière soit faite sur ces évènements. L’objectif est d’éviter qu’ils ne se renouvellent, en remettant en cause le principe du sauvetage en mer, avec le risque pour les capitaines de navires de se retrouver, de nouveau, acteurs principaux mais démunis en cas de sauvetage massif.

Le Bureau de l’AFCAN