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Dernières nouvelles sur la garde-côte Européenne

 
Une récente interview du Chef d'état major de la Marine par un journaliste de la revue MARINE de l'ACORAM (Association des Officiers de Réserve, N°209 - Octobre 2005) nous fait espérer que la Marine Nationale est en train de modifier sa façon de penser au sujet de la création d'un corps spécialisé de Garde Côtière Européenne. Il n'y a pas si longtemps le simple mot de Coast-Guard provoquait un grand courroux à l'Amirauté à tel point qu'on lui avait substitué le terme de Force de Sauvegarde Maritime qui ne veut pas dire grand-chose sur une passerelle de navire de commerce...



La question du journaliste était la suivante :

       L'Action de l'Etat en Mer représente aujourd'hui 25% des activités de la Marine Nationale. Est-ce trop ? Est-ce vraiment la mission de la Marine ? Que pensez-vous de l'idée, qui circule, de créer un corps de garde-côtes à l'américaine ?

Réponse de l'Amiral Oudot de Dainville, Chef d'Etat Major de la Marine depuis Juin dernier :

       Ce travail entre parfaitement dans les missions de la Marine et il est bien fait. Les marins sont tout simplement des gens de mer qui consacrent les trois-quarts de leur temps à la défense et le reste à des actions civiles. La Marine, rappelons-le, lutte contre la pollution, fait du sauvetage et de l'assistance, surveille le trafic et les trafics; elle a intercepté dix tonnes de drogues dures cette année. La réflexion sur la création d'un corps de garde-côtes a une dimension plutôt européenne. L'idée ne me paraît pas utile à développer pour notre seul pays. Le système français fonctionne bien et le fait qu'il implique plusieurs administrations permet une bonne rationalisation des moyens.

       Il y aurait comme un frémissement positif au niveau européen rue Royale ! Les Amiraux auraient-ils senti le vent du boulet, la peur de voir l'European Coast-Guard se faire sans eux ! Ce qui surprend c'est que l'on reparle de Garde-Côtes Franco-Française "à l'américaine" près de 30 ans après l'échouement de l'Amoco Cadiz. Un récent rapport présenté au Sénat par deux Sénateurs, du Lot et de Charente Maritime, a fait les gros titres de l'hebdomadaire Le Marin le 19 août dernier, avec à la Une ce titre accrocheur : «Garde-Côte : trop cher, selon un rapport du Sénat», puis en deuxième page : «La création d'une Garde-côte européenne hors de portée, selon un rapport du Sénat» avec en plus petits caractères «Alors que le Parlement européen veut examiner sérieusement la création d'une garde-côte, un rapport du Sénat français la juge hors de portée financièrement.» !

       Ce rapport qui est plutôt un état des lieux en matière de sécurité maritime est confus et de ce fait, sa lecture en est difficile. Il manque de clarté et pose mal les enjeux au niveau Européen. Il fallait traiter le problème globalement et raisonner en termes de Garde-Côte Européenne. Une Garde-Côte Française n'a plus aucun intérêt dans le contexte actuel. Ramener ce sujet sur le tapis a de quoi surprendre. Mais il est dit nulle part dans ce rapport qu'une garde-côte Européenne serait hors de portée financièrement. Il est d'une grande évidence que cette dernière reviendrait beaucoup moins cher à la France que l'actuelle Action de l'État en Mer en place, puisque les 25 États Membres de l'Union Européenne participeraient au frais pour assurer le bon cheminement du trafic maritime le long des côtes de l'Union Européenne et protéger le littoral. Faut-il rappeler que nos côtes sont les plus exposées d'Europe aux menaces qui viennent de l'océan? Alors il serait juste que la France soit la grande bénéficiaire de cette mutation et perçoive la plus grande part des subventions pour protéger son littoral ! Le siège de cette garde-côte Européenne serait bien évidemment édifié à Brest.

       Il est dommage que ce rapport vienne mettre le doute dans l'esprit des lecteurs. Le côté positif de ce rapport est qu'il convient que plus d'harmonisation est nécessaire entre les différents ministères impliqués dans l'Action de l'État en Mer. Il insiste aussi sur un défaut de ce dispositif jugé trop militarisé qui ne devrait plus être placé sous la tutelle du ministère de la Défense mais transféré au ministère des Transports ! Suggestion qui doit faire du bruit dans les Préfectures Maritimes et qui est peut-être à l'origine de ce changement d'amure de la pensée du Chef d'État Major de la Marine... Ces luttes intestines ne peuvent que nuire à l'efficacité du dispositif et démontrent qu'il est grand temps de changer de système. Hors de l'Europe, point de salut.

       Affaire à suivre... Aucune information par contre concernant l'étude de faisabilité d'une European Coast-Guard commanditée par le Parlement Européen à la Commission Européenne. Cette dernière devrait rendre son verdict à la fin du 2ème semestre 2006. Nous essaierons d'en savoir plus dans notre prochain AFCAN-Info. L'AFCAN doit être un groupe très actif de proposition et accessoirement de pression dans cette affaire qui est de la plus haute importance pour la Sécurité et la Sûreté du Transport Maritime et par voie de conséquence pour la protection de l'environnement. Sans oublier bien évidemment les retombées positives en terme d'emploi pour tous les Gens de Mer motivés et expérimentés, intéressés pour rejoindre ce corps spécialisé.

Cdt M. Bougeard
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