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Oui !
les capitaines français trouvent la législation française sévère



Dans son édition du 06 Juillet 2007 Le Marin a publié en page 4 l'information suivante :

      "NEW JERSEY : prison ferme pour un chef mécanicien. Une cour de justice du New Jersey (États-Unis) vient de condamner à cinq mois de prison et 2240 euro d'amende le chef mécanicien d'un chimiquier jugé coupable de rejets d'hydrocarbures en mer. L'Officier a plaidé coupable, reconnaissant avoir présenté un livre de bord falsifié et avoir fait obstacle à l'enquête des Coast Guards. Dire que les capitaines français trouvent notre législation sévère…."



Deux de nos adhérents ont réagi à ce texte et fait part à la rédaction du Marin de leur désapprobation.

Voici la première:


Bonjour mesdames, messieurs,

       Il me semble que la phrase finale de cet article est de trop. Je cite " Dire que les capitaines français trouvent notre législation sévère…."

       En qualité d'ex-capitaine français, je pense que personne en France n'est contre la condamnation de quelqu'un qui a commis une faute, et/ou essayé de tricher. "Je" trouve par contre, comme beaucoup d'autres, qu'un emprisonnement immédiat, une astreinte à résidence, une condamnation, sans qu'il y ait eu ni faute avérée, ni intention de nuire, ni tentative de tricherie, est/sont disproportionné(e)s.

       Je suis un peu déçu de cette "dérive mal contrôlée", je paye un abonnement pour obtenir des informations impartiales, pas des commentaires orientés sur une corporation.

Salutations

Cdt Jean Le Guern


Voilà la deuxième :


Monsieur le Rédacteur en Chef,

       Je n'ai aucune idée d'où mon message aboutira ni même si il sera reçu par une personne en mesure d'apprécier à qui le transmettre.

       Le Marin publie en page 4 de son édition du 06/07/07 une "brève" – donc non signée – relative à la condamnation d'un chef mécanicien intervenue dans l'état du New Jersey aux USA à 5 mois de prison (ferme ? ce n'est pas précisé et ce doit être sans doute un détail pour le rédacteur des ces quelques lignes) et 2.240 euros d'amende. Cette condamnation fait suite à un rejet de boues et d'eaux de cales mazouteuses. Le Chef Mécanicien du navire a non seulement reconnu les faits mais a également admis avoir falsifié le registre des hydrocarbures (il y a, encore, plusieurs centaines d'officiers de la marine marchande en France à même d'expliquer au rédacteur de cette "brève" ce que cela signifie) et avoir menti aux inspecteurs de l'US Coast Guard. Permettez moi de vous dire, en tant qu'ancien navigant pont et machine et désormais expert maritime dans diverses instances qui ne sont pas des moindres, que –telle que – c'est une sanction qui paraît amplement méritée. Mais, en vrai journaliste, pourquoi ne pas avoir recherché si ce Chef Mécanicien du M/T CLIPPER TROJAN (curieusement il n'est pas fait état du nom du navire ni de son pavillon Bahamas) n'était pas soumis à des pressions de son armateur ? Un armateur tout ce qu'il y d'européen puisque CLIPPER MARINE A/S a ses bureaux au Danemark et en Grande Bretagne.

       Les lecteurs de votre journal peuvent comprendre le manque de culture générale – donc de discernement – de certains de vos collaborateurs. L'absence de curiosité est déjà plus ennuyeuse, pour un journaliste. On peut vous pardonner ces lacunes mais sûrement pas le fait d'avoir clôt ces 6 lignes de "brève", bien incomplètes et déjà biaisées, par ce commentaire "Dire que les capitaines français trouvent notre législation sévère…." Faut-il rappeler au rédacteur de cette infâme appréciation qu'en France les Capitaines de navires sont mis en prison avant jugement (en prison, pas en résidence surveillée) parce que leur navire s'est cassé ou s'est échoué suite à une avarie de machine ? Dans notre législation française, un Capitaine de navire est responsable de tout, même de ce qu'il ne peut contrôler ou de ce qui lui est imposé, sauf à perdre son emploi. Au moins, aux USA, c'est un responsable plus direct, en l'occurrence le Chef Mécanicien, qui a été condamné.

       Oui, les Capitaines français trouvent que notre législation est non seulement sévère mais proprement scélérate. Avant de laisser écrire n'importe quoi à vos collaborateurs, envoyez-les donc un peu se former au métier.

LE MARIN et ses lecteurs ne pourraient qu'y gagner.

Cdt J.D. Troyat.


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