AIS et interrogation des navires par les sémaphores

Notre collègue J. V. Dujoncquoy nous apporte des informations sur l'organisation de la surveillance des côtes par l'État et sur l'évolution qui pourra en être attendue dans les interrogations des navires par les sémaphores.

       Je reviens vers vous au sujet de l'AIS dans la chaîne de surveillance des côtes par l'état.
       Depuis la mise en place de la surveillance des approches maritimes par la Marine Nationale, cette dernière a réactivé les sémaphores et lancé le projet SPATIONAV.
       Ce projet est la mise en réseau des radars et des sémaphores couvrant les côtes françaises, afin de permettre aux Préfets Maritimes d'avoir une image instantanée de la situation surface de leurs zones de compétences. Ce projet associe différentes administrations (Marine, CROSS, Douanes, Ports autonomes, etc.).
       La Méditerranée a été la première équipée, mais avec la version 1 de SPATIONAV développée avant la généralisation de l'AIS. En attendant les sémaphores ont pour consigne d'interroger systématiquement les navires (nom, destination, tirant d'eau max, nombre de personnes à bord, total cargaison, total marchandises IMO avec détails des classes si possible).
       Pour la Manche, c'est en cours avec centralisation des informations au COM de Cherbourg. La version SPATIONAV 2 en Manche va être couplée aux VTS des ports de la zone. Celui de Rouen est déjà en service depuis un an, celui du Havre entre en service ces jours-ci (juin ou juillet 2005 - NDLR).
       Ces VTS de la société SOFRELOG (la même qui a développée la version 1 de la façade Méditerranée), permettent de suivre la situation surface de façon précise (Radar, AIS plus gonio VHF pour confirmer une identification). L'AIS est maintenant intégré au système. Les sémaphores devraient donc diminuer leurs interrogations au fur et à mesure de leur connexion au système.
       La Version 3 sera installée en Méditerranée plus tard...

Depuis deux ans, les Pilotes du Havre renseignent le sémaphore de la Hève avant de débarquer des navires quittant le port, dans la mesure du possible, afin d'éviter le désagrément d'une interrogation VHF à chaque fois que le navire passe devant un sémaphore (La Hève, Port en Bessin, Barfleur, etc.). Pour information, la Station de Pilotage du Havre a équipé toutes les pilotines d'un AIS depuis le début 2005. Les Commandants de navires peuvent donc adapter leurs routes d'approches en limitant les incompréhensions courantes des discussions VHF.
De plus, nous avons fait certifier par la DGAC (Direction Générale de l'Aviation Civile) un AIS marine, qui équipe depuis début février 2005 notre hélicoptère dauphin N3. C'est le premier aéronef français équipé d'un AIS.

C'est un outil remarquable. Par exemple, lors des essais, en volant à 300 mètres d'altitude, nous avions environ 90 cibles sur une portée de 80 milles. Bref, patience, avec le temps les sémaphores vont limiter leurs interrogations systématiques des navires, pour le plus grand bonheur des "temps de repos" des Commandants.
Bon vent à tous

Jean Vincent DUJONCQUOY
Pilote du Havre

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