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LES PETROLIERS MODERNES ET LE "SLOP"
Un collègue navigant nous fait part de problèmes que peuvent rencontrer les pétroliers modernes transportant toutes sortes de produits.
- SITUATION EN NOVEMBRE 2000
Le navire a conservé ses slops, TROIS MOIS, en raison du refus, ou de l'incapacité du port à recevoir ceux-ci.
JUBAIL :
refus du port de recevoir les slops
BAHREIN :
ligne bloquée par un désloppage (produit coagulé - ce n'était pas la 1ère fois) d'où incapacité de
réception.
KOWEIT :
le summum !!! accostage refusé parce que le navire voulait envoyer ses slops à terre, avant de
charger.
De la communication avec le Port Captain, il est ressorti que :
- "pour complaire" aux demandes de l'OMI, il y avait une petite installation
- qu'elle n'avait pas fonctionné depuis trois ans (dixit l'intéressé)
- qu'il n'avait pas l'intention de la mettre en route,
- que tous les navires qui venaient charger à Koweït savaient qu'il était recommandé d'arriver sans slops !!
- A la question "comment doivent faire les navires ?", la réponse "ce n'est pas mon problème", ce qui explique sans
doute le fait que la mer soit couverte d'huile 4 à 5 heures avant l'arrivée dans cette zone.
ULSAN :
refus de recevoir les slops
SRI RACHA :
PAS de capacité de réception (port de chargement)
SINGAPOUR :
PAS de capacité de réception au Terminal.
Finalement, sur l'insistance du Cdt, les slops ont été déchargé au départ de Singapour, sur une barge, mais la zone où
s'effectue cette opération est à proximité immédiate du VTS, et traversée par de nombreuses dragues, qui évoluent
rapidement, et que l'on gêne manifestement.
- ACTUALISATION LE 26/07/01
BAHREIN:
Il faut tout d'abord procéder à une analyse des stops, en conséquence la terre demande que le
déchargement des slops soit effectué après le chargement.
Si des traces de gras sont trouvées ( résidus machine refoulés au slop), déchargement du slop
refusé.
Si le navire a chargé du F.O., déchargement slop refusé.
Enfin, généralement, après le chargement, s'il est autorisé, le déchargement du slop est refusé
sous le prétexte qu'il n'y a plus le temps...
Conclusion : Bahreïn, sous des prétextes divers, n'accepte plus les slops.
YANBU:
Agit comme Bahreïn, donc pas de déchargement de slops.
Actuellement, les slops sont déchargés sur une "Slop Barge", le FAIR MILU, en passant à Khor al
Fakkan. Mais, il faut se battre à chaque voyage pour l'imposer. (Personnellement, si j'estime
que le contenu du slop ne permettra pas de laver les citernes sans problèmes, j'informe l'affréteur
que la cargaison suivante ne pourra être identique qu'à la précédente, faute de lavage... )
- LAVAGE AU PETROLE BRUT
Depuis plusieurs voyages, le navire charge (en trois ports) un mélange de Condensat, Brut, et Gas Oil. En raison du
brut, le lavage (car entre les voyages de Feed stock, nous effectuons des voyages de G.O., Jet et Muges) est très
pénible, avec trop de sédiments dans les fonds. En effet, le Receveur interdit le lavage au Pétrole Brut - voir copie
de la lettre jointe - pour ne pas "encombrer" ses propres tanks, en faisant sceller les canons de lavage sur le Pont ! ...
La dernière fois, je suis passé outre, et la différence dans le lavage à l'eau chaude ensuite a été remarquable.
Là aussi, dans la mesure où les Terminaux interdisent le Lavage au Pétrole Brut, au déchargement, comment lutter
contre la pollution? A Dar Es-Salaam, nous sommes actuellement le seul pétrolier à ballasts séparés ; tous les
autres sont des conventionnels, alors...
Par contre, les allégements sont interdits, pour ne pas provoquer de pollution
- LUTTE ANTIPOLLUTION :
Avec de pareilles pratiques, il est difficile de faire de l'antipollution, et les Commandants peu scrupuleux, ou soucieux
de se faire bien voir de l'Affréteur ne peuvent que vider les slops à la mer.
- Quelle autorité est susceptible d'imposer auprès des ports (ou des Etats) des installations de réception de
capacité suffisante, et en état constant de marche ??
- Où est le corps de fonctionnaires nécessaire pour vérifier l'exactitude des déclarations ??
- Quelles sanctions peuvent être prises à l'encontre des Etats non respectueux des décisions OMI ?
Dans l'immédiat, il est beaucoup plus facile de se retourner contre le navire, et son représentant, le Commandant de
celui-ci, voir la loi du 13 juin 2000.
Dans l'état actuel des choses, malheureusement, le plus sûr moyen de lutter contre la pollution est de dissuader les
affréteurs, non pas en surveillant les eaux à proximité des côtes, mais :
- en contrôlant les registres des Hydrocarbures, sur une période d'un an, lors d'une escale dans un port
européen,
- en vérifiant la véracité des déclarations [lieu du (des) traitement(s) des eaux sales après décantation, et
volumes déclarés],
- En exigeant la preuve (certificat) de la réception des slops à terre, lors des différentes escales.
Toute infraction devrait être punie d'une amende colossale pour l'affréteur, et le receveur, afin de les
dissuader d'affréter des navires ayant de telles pratiques, ou de les inciter à donner des instructions précises pour
respecter la propreté des océans.
(Le montant des amendes pourrait alimenter le FIPOL, et servirait ainsi à indemniser les victimes des pollutions, ce qui
ne serait que justice !)
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