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La moindre erreur, oubli peut être fatal pour le bord, surtout pour son commandant. Il faut donc soit avoir une
confiance totale dans son chef mécanicien, bien le connaître et vérifier avec lui de temps à autres la façon de
remplir cet ORB. Ou alors il faut tout vérifier, ceci quotidiennement, et surtout vérifier ce qui se passe
réellement dans la machine. Car il est tout aussi facile de faire sans écrire que d'écrire sans faire. Il faut bien comprendre qu'un commandant ne peut pas se trouver derrière un séparateur 15 ppm à sa mise en route et à son arrêt. Il lui faut absolument avoir confiance dans son chef mécanicien, accessoirement (encore que ce ne soit pas un accessoire de petite taille) parler la même langue (mais aussi le même langage) que lui. |
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Et puis c'est un travail de tous les jours, on prend très vite du retard. Sur un navire qui consomme 80 tonnes par jours, la "production" théorique de résidus est de 800 litres par jour. Ces 800 litres, il faut les chauffer, les décanter; puis il faut décanter la décantation et la passer au 15 ppm; quant aux résidus il faut les re-décanter, les chauffer, les re re-décanter puis les brûler avec un incinérateur de 80 litres/heure de débit (pour les incinérateurs performants et puissants). Soit 10 heures par jour de fonctionnement de l'incinérateur, appareil qu'il ne vaut mieux pas laisser sans surveillance. Donc on voit bien qu'il ne faut pas perdre de temps. D'autant plus que la décantation n'étant jamais des plus parfaite, il y a encore pas mal d'eau dans les résidus et l'eau, non seulement ça ne brûle pas bien, mais en plus ça n'entretient pas la flamme. |
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Les cellules de détection de flamme doivent être très fiables, car dès qu'il y a écoulement de résidus dans
l'incinérateur, le nettoyage avant de le redémarrer est très long; ces résidus ne sont pas ce qu'il y a de mieux en
fluidité à basse température. Les séparateurs 15 ppm comme d'ailleurs les incinérateurs sont des appareils qui tombent aussi en panne. Même peut-être plus souvent que d'autres. Précédemment on disait qu'il devenait nécessaire pour certains navigants d'interdire la mise en service du 15 ppm dans certaines zones, c'est bien la preuve que la plupart des marins, mécaniciens ou non, n'ont qu'une confiance très limitée dans le séparateur 15 ppm. |
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En mer, on a le temps de parler avec l'équipage, alors comment expliquer pourquoi les jeunes (enfin ceux qui
espèrent et veulent rester dans la marine) pensent maintenant plus à faire carrière à la machine que de monter sur
le pont? Pour une raison essentielle: la peur, celle de se faire prendre à polluer involontairement et de finir ses jours en prison après avoir ruiné et mis à la rue sa famille, celle d'être traité d'une façon pire que des violeurs d'enfants, celle de représenter aux yeux de beaucoup de politiciens, juges, journalistes et donc opinion publique ce qui se fait de pire sur la terre et donc sur mer, celle du voisin en mer, du bateau que l'on croise et dont on espère qu'il ne va pas mettre à profit votre présence dans le voisinage pour vider un peu ses cales à la mer. L'amende de 1 millions d'euros représente 20 ans de salaire de commandant, c'est à dire une vie professionnelle à ce niveau, voilà qui est fait pour attirer. |