L'école nationale supérieure maritime (ENSM) et le comité estuaire de la Seine de l'Institut français de la mer (IFM) ont organisé les 28 et 29 octobre 2011 un colloque dont la thématique «la formation des marins…au gré des marées», avait pour propos de tirer les enseignements du passé pour vivre le présent et préparer l'avenir. |
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Cet évènement, qui avait lieu l'année du cinquantenaire de l'école du Havre, a réuni de nombreux participants, universitaires ou acteurs du monde maritime et portuaire. Les journées d'étude, matinée et après-midi, se sont déroulées en deux temps, une première partie réservée aux communications des universitaires concernant les grandes étapes des écoles d'hydrographie, puis une table ronde suivie d'une discussion sur des thèmes d'actualité. Les participants, docteurs en histoire des sciences, docteur en ethnologie, professeurs agrégés de lettres, d'histoire, de mathématiques, administrateur de la Société française d'histoire maritime, physicien, chercheur au CNRS, au nombre de 17, ont partagé leurs interventions suivant les quatre thèmes suivants : histoire générale de l'enseignement maritime, l'enseignement maritime ouvert sur le monde, l'enseignement maritime dans son environnement local, utilisation et comparaison des instruments nautiques. |
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En marge de l'évocation des besoins de formation, il faut souligner l'importance des relations nouées entre les chambres de commerce et les pouvoirs publics qui ont permis l'institutionnalisation de la formation au travail. L'exemple de l'histoire des enseignements maritimes dans les ports de Dunkerque, Calais et Boulogne apporte un éclairage sur les choix et la répartition des compétences entre les principaux acteurs intéressés à ce développement, dont l'évolution des débats et des relations fut faite de complémentarité mais aussi d'opposition.
Le thème de la dernière partie du colloque eut pour objet l'utilisation et de la comparaison des instruments nautiques, à travers l'enseignement du comput et du calcul des marées, le calcul des routes avant la maîtrise de la longitude, les représentations de la carte nautique du 17ème au 19ème siècle et les observatoires de la marine au 19ème siècle. Le manuscrit de Denoville (1760) montre l'importance de l'enseignement du calendrier et de l'utilité de ce dernier pour la navigation. Pour les calculs des phénomènes cycliques, Denoville utilise des volvelles, disques de papier qui, pivotant les uns sur les autres, permettent de trouver sans calculs des informations astronomiques nécessaires à la navigation. La « volvelle des ports », pour trouver l'heure de la pleine mer, donne la liste d'une soixantaine de ports avec la situation du port donnée en orientation, en heures ou en quantième de rumb de vent. Elle permet avec l'alidade de lire l'heure de la marée dans port choisi en fonction de l'âge de la lune, de déterminer l'âge de la lune, les dates des nouvelles lunes et pleines lunes. La « volvelle astronomique » permet de trouver sans calcul la latitude d'un lieu connaissant le jour et la hauteur du soleil au méridien. Dans son traité de navigation, Denoville fait usage du quartier de réduction et du calcul trigonométrique et décrit les instruments qui permettent au marin de déduire des informations sur la situation où il se trouve. Il traite en particulier de l'octant, instrument nouveau. Pour améliorer la navigation à l'estime, il développe abondamment de fastidieuses corrections de route. A l'époque de Denoville le problème de la longitude n'était pas réglé et tout le traité est parsemé de problèmes d'astronomie dont il propose plusieurs approches. |
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Les cartes marines du 16ème et 17ème siècles, publiées par des entrepreneurs individuels, étaient de véritables œuvres d'art, si ce n'est d'imagination. Après la création du premier service hydrographique en France en 1720, les cartes marines devenaient une représentation fidèle du monde réel, basée sur les acquis des premiers relevés hydrographiques et des voyages d'exploration scientifique. A partir de l'adoption du méridien origine international en 1884, les cartes marines firent l'objet d'une normalisation internationale de plus en plus étendue.
La montre de marine, dont les premiers modèles fiables datent des années 1760, permet de résoudre le délicat problème de la longitude en mer. La création des observatoires de la Marine au 19ème siècle est intimement liée à la diffusion des chronomètres de Marine, véritables gardiens du temps. Ces petits établissements portuaires ont pour mission d'offrir un contrôle chronométrique de ces montres, grâce à des observations astronomiques, mais également d'être un lieu de formation pour les officiers à la pratique de la navigation astronomique. Le rôle des observatoires de la marine a été essentiel pour permettre le contrôle des chronomètres de marine avant leur embarquement. La qualité de ces nombreux exposés a montré l'intérêt des travaux des universitaires passionnés par l'histoire maritime et a suscité l'enthousiasme des nombreux participants au colloque. Beaucoup parmi ces derniers ont participé aux discussions des trois tables rondes dont les thèmes étaient liés à l'actualité de l'enseignement maritime au regard de l'histoire. |