Vous trouverez ci-dessous de larges extraits d’une lettre d’un de nos collègues, qui décrit la situation vécue par beaucoup de commandants français, suite aux constatations faites lors de ses derniers embarquements et aux projets de reconnaissance de brevets des Commandants étrangers navigant sous pavillon français, sujet inquiétant pour la bonne marche de nos navires. |
En tant que Commandant d’un porte conteneur français je pense qu’il est de mon devoir d’attirer l’attention de mon Administration sur la facilité d’attribution et le manque de contrôle dans la délivrance des équivalences de brevets aux Officiers étrangers par l’état Français.
En effet depuis environ deux ans il apparaît que les reconnaissances de brevets d’Officiers étrangers sont attribuées automatiquement sans aucun contrôle et nous voyons arriver à bord de navires, dont la langue de travail est le Français, des personnes ne causant pas un seul mot de Français, peu d’Anglais, et dont les compétences ne dépassent pas le niveau d’un ouvrier mécanicien pour la machine ou d’un matelot qualifié pour le pont (le problème est plus flagrant à la machine).
Cette anomalie m’inquiète pour les raisons suivantes :Souhaitant que ce courrier contribue à vous informer de ce problème spécifique aux navires marchands au long cours armés sous pavillon bis veuillez agréer Monsieur l’Administrateur l’assurance de mes sentiments respectueux et dévoués.
- A l’heure ou l’obligation de nationalité du Capitaine sur les navires Français est abolie il nous est assuré que la reconnaissance de brevet du Capitaine ne sera attribuée qu’après contrôle de la connaissance de la langue ; on peut en douter vu la pratique actuelle.
- Nos jeunes Officiers (valables, de bon niveau et bien formés dans leur grande majorité) ont de plus en plus de mal à trouver des embarquements, machine en particulier ; je préfère un jeune Officier Français dérogataire à un Officier étranger inutilisable.
- La tendance à embaucher des Officiers étrangers pour « faire nombre » limite les postes d’Officiers Français qui ne peuvent plus obtenir les temps de navigations nécessaires aux brevets de Seconds et de Commandement d’où effet boule de neige en faveur de l’embauche des étrangers.
- Cette dérive dans l’attribution des reconnaissances de brevets étrangers pose un problème de sécurité à bord vu le faible niveau de qualification des personnes proposées. Cet aspect pourrait avoir des retombées sur notre Administration en cas d’accident suivi d’enquête.