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world maritime day à l'I.P.E.R Le Havre, 3 juillet 2019


La thématique IMO/EMPOWERING WOMEN in the MARITIME COMMUNITY a l'avantage de réunir toutes les professions liées à la mer et aux ports et les opérations qui en découlent.
A l'initiative de l'OMI, on comprend bien qu'étant donné le prévisible manque «d'officiers de conduite des navires» dans les décennies qui viennent, le recrutement de femmes semble nécessaire. Les sous-thématiques classiques comme formation, salaires, responsabilités étant «relativement faciles» à régler, on reste «surpris» d'apprendre que les femmes ne représentent que 2% du personnel naviguant et qu'en plus, 80% de celles-ci sont dans l'industrie des navires à passagers.
 

Pour les vieux marins que nous sommes (avec évidemment des arguments d'un autre âge !) on reste surpris aussi que tous les éléments qui pourraient être pris en compte pour valider l'épanouissement des femmes dans notre métier … ne sont pas malheureusement aujourd'hui au rendez-vous !
En effet, nous pensons que les différences liées au «genre» dans notre industrie maritime ne se limitent pas uniquement aux salaires et aux responsabilités. En effet, même si la prise en compte de la misogynie ou encore du harcèlement sexuel est aujourd'hui effective et que la MLC 2006 est venue apaiser beaucoup de choses, le «bien-être de la femme/marin» est loin d'être aussi attractif que cela.
En paraphrasant MASLOW on pourrait montrer la pyramide des besoins à satisfaire pour espérer un beau recrutement de la femme marin en la comparant à celle du marin homme.

La mixité des équipages est beaucoup plus fréquente dans l'industrie des navires à passagers et c'est logique car les emplois dits «féminins» y sont plus nombreux : hôtesses/animation, interprètes, femmes de chambres, laundry et en général catering.
Sauf quelques exceptions, ces emplois sont pris par du personnel «low-cost» venant des Philippines (monde de la croisière en général) ou de Maurice (croisières francophones).
Peu d'informations importantes nous parviennent sur ces personnels comme la durée des embarquements et les problèmes éventuels de la mixité hommes/femmes pendant ces longs mois de service à bord !
 
On y applique bien la MLC 2006 en théorie, mais la culture du secret de ces ethnies limite notre retour d'expérience, ce qui est bien dommage mais qui correspond chez eux à un fort besoin de protection lié à la conservation du job et donc quelque part à la vie professionnelle.
Pour résumé, l'homme marin qui a été jusqu'au bout d'une carrière complète à la mer a, depuis toujours, su compenser ses besoins dans sa vie au long cours. Tandis que ceux qui ont «quitté la navigation» plus tôt, quelque part ont cherché à assurer leur épanouissement personnel ou familial d'une autre manière.

A l'heure où on «cherche des femmes» pour naviguer, il faudrait peut-être étudier un peu plus la gestion de leurs besoins … qui ne peuvent être qu'individuels peut-être mais qui à mon avis sont quand même un peu différents de ceux des hommes.
Soyons honnêtes, aujourd'hui on cherche le plus possible à assurer le bien-être du marin homme ou femme via la MLC 2006 ou via les salaires minimum ITF ou encore via les Seamen's club et autres associations. On peut aussi compenser l'éloignement familial par une liaison internet solide ! Mais cela sera-t-il suffisant ? Par exemple : Pour une femme mère de famille une bonne liaison internet ne remplacera jamais le bonheur de serrer son enfant dans ses bras !
Donc pas facile de comparer ce qui n'est pas comparable et il faudra certainement accepter encore plus de «démission» chez les «femmes au long cours» que chez les hommes.
 
Finalement il est évident pour ceux qui ont pratiqué à peu près toutes les navigations y compris l'Offshore, que la présence des femmes à bord continuera à se développer pour des liaisons maritimes courtes tandis que le long cours éliminera naturellement 90% si ce n'est 100% des femmes marins !
Une anecdote, il y a certains armateurs, peut-être plus intelligents que les autres qui compensent en partie certains besoins en assurant le plus possible une parité surtout dans cette partie de l'équipage qui passe les 2/3 sinon les ¾ de leur vie à bord ! ***
Les qualités féminines appliquées dans notre communauté (c'était aussi un argument de la conférence : les femmes font mieux ceci ou cela !), on est tous d'accord certainement mais on pourrait dire aussi que les hommes font quand même mieux cela ou ceci, même s'ils ne peuvent pas, à ce qu'il parait au contraire des femmes, faire 2 choses à la fois !
Autre surprise pour ceux qui croient dans le code ISM, où le retour d'expérience a été érigé en «pilier de la sécurité maritime», on nous dit que les femmes s'y impliquaient beaucoup plus que les hommes qui d'ailleurs considéraient cela comme un manque de confiance en elles, incroyable !
Evidemment, cela n'a pas de sens, et c'est même tout le contraire ! Si les hommes disent cela, que vont-ils dirent alors sur les near-misses !!!

En conclusion

 
Partant d'un principe normal d'égalité des genres, la vie du «marin femme» se chargera de gérer au hasard des besoins non couverts ou insuffisamment couverts, pour faire un «tri» comme cela s'est passé pour les hommes ! sans plus !
Ces besoins sont finalement similaires et c'est normal et les légères différences devront être prisent en compte par les employeurs afin d'éviter cette perte en ligne qu'ils ont souvent redouté.

Cdt bertrand APPERRY
AFEXMAR AFCAN HYDROS IIMS
Juillet 2019
- N'étant pas psy, j'ai soumis cette « pyramide à la MASLOW » à une personne du genre !... Mesdames vous pouvez évidemment la contester et développer ses besoins … on vous écoute !
- Illustration marygribouille@gmail.com

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