Retour au menu
Retour au menu
Souvenons-nous de Samuel Plimsoll

 
Traduction libre par le Cdt Philippe Sussac de l'article "Plimsoll's fight to draw the line", i3 magazine, www.jeppesen.com/i3



       La vie du marin Britannique était périlleuse au 19e siècle. Environ un sur cinq périssait en mer, et entre 1861 et 1870, 5826 navires furent perdus au large des côtes anglaises. Un inspecteur des prisons, dans l'Angleterre du Sud-Ouest, a signalé qu'environ neuf prisonniers sur douze étaient des marins ayant refusé d'appareiller sur des navires non sûrs ou avec trop peu d'équipage.

       En 1867, S. Plimsoll, membre du Parlement (élu de Derby) assista à un colloque sur la sécurité des navires. Intéressé par la question, il poursuivit des recherches qui lui montrèrent que la situation était plus grave encore qu'indiqué. Il commença une campagne active contre les navires trop chargés ou dangereux ("navires cercueil"), et pour des inspections régulières et obligatoires, qui lui valurent d'être connu comme "l'ami du marin".

       Né en 1824, il a eu très tôt (1840) à prendre la charge de sa famille. Après une activité de marchand de charbon et l'achat d'une maison, il s'est rapproché des mouvements agissant contre la poursuite de profits sans tenir compte de la misère des pauvres. Il a travaillé sur les textes juridiques du travail. En 1867, il est élu à Derby au parti libéral, défendant les idées du libre commerce, de réforme financière et de lutte contre la corruption. Une activité multiple l'amène à inventer un procédé bon marché pour la détection du gaz de mine, un procédé d'émaillage, un procédé pour filtrer la bière, un parapluie de poche….

       En 1870, il saisit l'idée d'un armateur, J. Hall : une marque permanente "ligne de charge" à peindre sur la coque des navires, comme limite de sécurité légale d'enfoncement maximum. La campagne correspondante lui valut des louanges et des critiques violentes, un livre "Our Seamen" (1872) eut beaucoup de succès, et une commission royale en recommanda l'application. Il était ouvertement hostile au Premier ministre B. Disraéli, et le 22 juillet 1875, la proposition de loi sur la ligne de charge fut repoussée (principalement du fait du grand nombre d'armateurs au Parlement). La chronique raconte que Plimsoll, en rage, a frappé en pleine face le "speaker" et a traité les opposants de "vilains" (sans doute une des rares fois où on en est venu aux mains au Parlement britannique). Malgré une opposition résolue, il continua sa campagne et, en 1876, un "Act" fut adopté et la marque apposée sur les premiers navires britanniques.

       Plimsoll fut réélu à Derby en 1880 mais se retira en faveur de W. V. Harcourt qu'il pensait mieux placé pour défendre les intérêts des marins. Il fut longtemps président honoraire du syndicat des marins. Toujours éclectique, il se rendit aux États-Unis pour lutter contre le ton péjoratif au sujet de l'Angleterre dans les livres scolaires. Il est mort en 1898 dans le Kent.

       Bien que le Merchant Shipping Act de 1876, ait rendu obligatoire la marque, sa position exacte n'a été fixée par la loi qu'en 1894. En 1906, les navires étrangers en escale en Grande-Bretagne devaient l'avoir. C'est vers cette époque que le terme de "ligne de Plimsoll" fut généralisé. Une première Convention internationale sur les lignes de charge fut établie en 1930.

       Aujourd'hui, l'ICLL (International Convention on Load Lines) est une Convention OMI applicable à tous les navires assurant un trafic international. Elle définit les tirants d'eau maximum suivant les conditions de navigation. Tous les marins connaissent le "disque de Plimsoll", cercle barré horizontalement avec la marque de la société de classification et les lignes T, S, W, WNA et F, TF. Un mémorial sur l'appontement Victoria, sur la Tamise, conserve la mémoire de Samuel Plimsoll.

Retour au menu
Retour au menu