Retour au menu
Retour au menu

International Marine Accident Reporting Scheme
octobre 2004
 
Traduction libre de MARS Reports par le Cdt J.P. DALBY

Une leçon historique (MARS 200378)

      En 1757 le fameux Benjamin Franklin était passager à bord du London qui avait navigué indépendamment d'un convoi au départ de New-York en juin. En juillet le navire avait été poursuivi à plusieurs reprises par les corsaires français et à l'entrée de la Manche le capitaine décida de faire route sur Falmouth pour éviter l'ennemi. Franklin écrivit "Ainsi toute la toile que l'on pouvait raisonnablement mettre fut déployée et le vent étant très frais et régulier nous marchions à bonne allure…. Nous avions un veilleur sur l'avant, à qui il était rappelé souvent "veille bien devant" à quoi il répondait "oui, oui", mais peut-être avait-il les yeux fermés ou était-il à moitié endormi, et répondait-il, pourrait-on dire, mécaniquement. Car il ne vit pas un feu droit devant qui était caché au barreur et au reste du quart par les voiles basses, mais il fut aperçu à la suite d'une embardée accidentelle du navire et provoqua une grande frayeur car nous en étions très proche, le feu me semblant aussi gros qu'une roue de charrette. On était au milieu de la nuit et notre commandant dormait profondément. Le capitaine Kennedy, sautant sur le pont et voyant le danger ordonna de faire demi- tour toutes voiles établies, une opération dangereuse pour les mâts, mais elle nous dégagea et nous évitâmes le naufrage, car nous faisions route droit sur les rochers sur lesquels le phare était érigé. Cette délivrance me fit prendre conscience de l'utilité des phares et m'amena à penser à encourager la construction de nombreux phares en Amérique si je vivais jusqu'à mon retour au pays." Au matin, à la sonde dans une brume à couper au couteau, on constata que nous étions près de Falmouth, et lorsque la brume se leva à neuf heures, nous étions devant la ville.


Les distractions sur la passerelle (MARS 200415)

      Au cours de ces dernières années on a pu remarquer que les officiers de quart avaient de plus en plus de chose pour les distraire de leur travail principal quand ils sont de quart, à savoir la navigation et la fonction anticollision. Que ce soit les alarmes GMDSS qui proviennent de partout, les écrans d'information de plus en plus nombreux (le dernier étant l'AIS), parfois ces distractions n'ont rien à voir avec le travail. J'ai eu deux incidents lors de mon dernier voyage sur un navire géré par un armateur pétrolier réputé.
Le lieutenant qui était nouveau à la compagnie était constamment plongé dans l'ordinateur passerelle connecté à la toile, que ce soit pour faire des papiers ou pour envoyer des mails chez lui cela n'a pas d'importance. Le fait est qu'on ne le voyait jamais regarder à l'extérieur. Parfois il lui arrivait de quitter son fauteuil (situé à Bâbord) pour reporter une position sur la carte après que l'alarme du GPS le lui ait rappelé.
Cette conduite très fréquente faisait souhaiter que tous les navires se présentent sur bâbord, ainsi il y aurait une chance qu'il les voit.

Un moyen d'améliorer l'anticollision : le radar (ou l'ordinateur) qui affiche à intervalles réguliers un message clignotant "LOOK OUT OF THE WINDOW" pour rappeler à l'officier de quart de constater de visu à quoi ressemble la "réalité" qui l'entoure.

      Après avoir pompé la cale l'officier mécanicien remplissait le registre des hydrocarbures. C'était une habitude d'appeler la passerelle pour que l'officier de quart passerelle lui donne la position du navire.
Pourtant cette fois l'officier mécanicien ne put avoir de réponse de la passerelle malgré plusieurs essais sur les deux téléphones. Il monta alors à la passerelle et découvrit le 2° et le 3° lieutenant sur l'aileron écoutant de la musique si fort qu'ils ne risquaient pas d'entendre ni le téléphone, ni la VHF , le GMDSS etc… L'officier mécanicien obtint sa position et redescendit à la machine, il me signala ce qui s'était passé.
      Ces deux incidents se sont produits avec le même commandant et rien ne se produisit après qu'ils aient été signalés. Cependant, depuis lors la politique compagnie a été de supprimer ou rendre inaccessibles tous les ordinateurs de passerelle, ce qui a du se faire aussi sur les autres navires.
      Le nouveau commandant n'était pas très chaud pour la musique à la passerelle qui fut supprimée.
On peut espérer maintenant que les officiers de quart pourront faire ce qu'ils sont sensés effectuer lorsqu'ils sont de quart.

Effectuer une veille auditive est aussi important que la veille visuelle.


Incendie non signalé (MARS 200419)

      Tôt le matin le commandant s'éveilla avant d'être appelé et monta sur la passerelle pour le message 5 heures avant l'arrivée. Il vit un petit bateau en feu à environ " milles par le travers bâbord. Le 3° lieutenant auquel il demanda des information à ce propos lui répondit qu'il l'avait observé depuis qu'il était sorti à l'horizon - il brûlait depuis au moins 45 minutes et qu'il y avait d'autres navires et pêcheurs autour. C'était un pêcheur, d'environ 20 mètres de long, toute la partie au dessus de l'eau était en feu. Supposant que l'accident avait déjà été signalé le navire continua sa route sans en informer le MRCC local ni renseigner l'événement dans le journal de passerelle. Trois heures plus tard le commandant remonta sur la passerelle et le 2° lieutenant lui montra un message NAVTEX indiquant le nom du nom du bateau en feu et signalant un disparu.
      Le commandant apprit un mois plus tard que l'événement avait été rapporté à l'Administrateur maritime des Iles Marshall. Le rapport avait été fait par le 2° lieutenant qui avait débarqué à l'arrivée au port le même jour que le pêcheur avait été vu en feu. Le représentant de la compagnie vint à bord pour enquêter sur l'accident à la requête de l'Administrateur et le brevet du commandant fut suspendu pour un an pour n'avoir pas réduit la vitesse pour procéder aux recherches, ne pas avoir informé le MRCC, et ne pas avoir renseigné l'événement sur le journal de bord.


RAPPORT SUR L'AISG (MARS 200420)

      Notre AIS est un JRC JHS-180. Le seul problème que nous avons parfois est l'affichage de l'alarme "008-MKD connection lost" . L'arrêter et le redémarrer suffit à le relancer. Au fur et à mesure que les navires s'équipent un écran plus grand sera utile mais pour le moment le balayage vertical nous suffit.
      Il n'y a pas eu de problème d'installation. Cependant, avant l'installation j'avais lu toutes les informations SOLAS s'y rapportant et j'avais quelques questions à poser à l'ingénieur chargé de l'installation pour clarification et confirmation que les informations statiques étaient entrées. L'ingénieur me dit qu'il avait installé de nombreux AIS et que c'était la première fois que quelqu'un s'intéressait un tant soit peu au système. Il y a de qui s'interroger sur le nombre de gens réellement intéressés aux aides à la navigation et aux communications. A bord nous trouvons l'AIS très utile, particulièrement aux approches des ports à fort trafic où nous pouvons mieux identifier les navires. Toutefois l'identification reste sujette à caution jusqu'à identification certaine du navire.


Retour au menu
Retour au menu