Alors, on essaie de trouver des moyens à donner aux marins pour les aider (ou leur faire croire) à repousser une attaque de pirates, mais en fait, surtout à dissuader une attaque. Quant à la repousser, lorsque les armes commencent à parler - d'un seul côté évidemment, c'est une autre affaire.
Il y a les «Best Management Practices». On en est à la 3ème version. Certes, c'est mieux que rien, et même fortement conseillé, de les appliquer. Mais ce n'est pas ce livre qui va régler le problème de la piraterie. De bons conseils y sont donnés, comme les manœuvres évasives lors d'une attaque rapprochée. Ce n'est peut-être pas applicable à tous les navires, certains manœuvrant mieux que d'autres, de même pour la préparation du navire. Faire voir qu'on est là, qu'on est préparé à une attaque, que l'on surveille très attentivement le plan d'eau, et qu'on est donc paré à alerter les alentours et les militaires si besoin est, c'est bien aussi. Il faut montrer aux pirates son degré de vigilance, surtout psychologique. Car on paraît tout de même bien faible avec nos pauvres moyens : une VHF, un téléphone et des lances à incendie en batterie pour repousser une attaque menée au RPG. Alors, on voit maintenant des navires entourés de fils de fer barbelés, de herses, d'épouvantails à pirates, de lances à incendie sous pression en batterie, voire des débordements de ballasts pour les navires à lège. Sur certains navires, on a construit des annexes pour la veille aux pirates, ou installé des sacs de sable pour faire des abris. Même, et c'est un conseil des Best Management Practices, de mettre des panneaux indiquant (en somalien dans le texte) que les batayoles sont branchées sur le 440 volts. Un état de guerre qui ne porte pas son nom. De mauvais esprits parlent d'un retour au moyen âge, sans l'huile bouillante à verser sur les assaillants du donjon. |
Rouleaux de barbelés «razor blade» Installation des herses |
Parfois, on n'hésite pas à faire le quart passerelle (veille doublée voire triplée) en habit de circonstances, gilet pare-balle et casque, armé de jumelles de vision de nuit (celles qui vous mettent un œil en vrac après utilisation. Il vous faut alors plusieurs minutes pour recouvrer la vision nocturne nécessaire au quart de nuit). Mais toujours sans armes à bord.
Surtout ne pas tomber dans l'excès inverse, ne pas dire : «du n'importe quoi». Car cela va certainement repousser certains pirates, les moins motivés. Ou au pire retarder la montée à bord des pirates, ce qui pourrait aussi laisser le temps aux militaires présents dans le secteur de se faire voir, reconnaître, etc … Un hélicoptère arrivant au début d'une attaque est un soutien non négligeable. S'il a pu venir assez tôt en vue du navire, et donc des pirates, cela peut suffire à stopper l'attaque, ou plutôt à la reporter sur un autre navire moins bien préparé, ou le faisant moins bien voir. Pour les autres, si l'attaque finit par être couronnée de succès, gare aux représailles. Car les pirates sont aussi de moins en moins calmes. Maintenant, ils abattent un otage pour un oui ou un non. Tiens, auraient-ils aussi compris, quoiqu'on en dise par ailleurs, que le prix du marin n'était rien en comparaison du navire et de sa marchandise ? Le quart passerelle, lors de la traversée de l'océan Indien nord, devient une vraie psychose pour certains officiers de quart. Entre les navires qui naviguent AIS coupé et tous feux de route éteints et les faux échos radars, il y a de quoi perturber plus d'un officier pont. Cela demande une sacrée dose de concentration et de discernement. Et toujours le doute. Est-ce vraiment un faux écho ? |
Équipement de quart |