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Naissance de CESMA

En plus d'avoir été l'un des pères fondateur de l'Afcan, le commandant Chennevière a été l'un des fondateurs de CESMA. L'Afcan lui a demandé de nous raconter cette épopée. 

Tout débuta au sein de l'IFSMA quand des membres de quelques associations européennes firent le constat que si les capitaines de navires avaient à leur disposition des entités à même d'établir des relations et donc d'obtenir des informations et pourquoi pas d'avoir une influence même limitée auprès de diverses autorités propres à édicter lois et règlements telles que l'OMI par le biais de l'IFSMA et les Etats par celui des associations nationales, ils n'avaient aucun contact possible avec la Commission Européenne dont certaines Directives les concernaient pourtant directement.
Ils envisagèrent donc de créer, au sein de l'IFSMA, un « European working group » qui étudierait les textes établis ou à établir par la DG en charge des affaires maritimes et si possible d'établir des liens avec elle.

Ce WG fut donc mis sur pied avec, sembla-t-il à ses promoteurs, l'aval du staff de l'IFSMA. Cependant une fois les buts fixés il fallait définir le comment et surtout les moyens, i.e le budget de fonctionement incluant d'éventuels déplacements.
Ce fut donc à l'occasion d'une Assemblée générale de l'IFSMA tenue à Anvers en 1992 que des représentants d'associations de pays membres de l'UE se réunirent pour finaliser le projet. A noter cependant que certaines associations concernées n'avaient pas jugé bon de se joindre aux débats. Evidemment il n'y avait pas de Britanniques en tant que tels puisque ceux-ci n'ont pas d'associations de capitaines.
Pour éviter toute suspicion de tentative d'œuvrer en dehors de l'IFSMA le Secrétaire général adjoint de celle-ci fut convié à participer aux travaux.
Ceux-ci permirent de définir les buts du projet et les moyens financiers propres à sa mise en œuvre.
In fine, même si au début quelques réticences hostiles avaient pu être perçues de la part de certaines associations, surtout nordiques, l'existence de « l'European Working Group » paraissait devoir être acceptée par l'IFSMA puisque, l'avions-nous cru, son S.G. adjoint nous avait assuré de son soutien et qu'au moins la neutralité des personnes hostiles avait été acquise.
 
Siège de CESMA, Muntplein, Amsterdam

Quels ne furent pas notre étonnement et notre consternation quand nous apprîmes peu après, que bien au contraire le S.G. Adj. n'avait pas soutenu le projet mais avait plutôt été dans le sens des tenants d'une prétendue impossibilité statutaire de créer une ligne budgétaire propre. Et ceux-ci eurent gain de cause. Donc « pas d'argent pas de suisses » il fallut renoncer, non sans amertume pour les promoteurs les plus engagés du projet.

On pouvait donc alors penser que l'idée de donner un moyen représentatif propre aux capitaines de l'UE était morte et enterrée. C'était sans compter sur la pugnacité d'un capitaine Néerlandais, Harry Boer, qui, en digne compatriote de Guillaume d'Orange, entreprit sans désespérer du résultat et, pour cela, à l'occasion d'une A.G. de l'IFSMA tenue à Marseille en 1993, évoqua auprès de ses collègues des associations de l'U.E, l'éventualité de la création d'une confédération de celles-ci à part de l'IFSMA.
Les réactions allèrent de l'accord de principe au rejet, en passant par l'attentisme.
A noter que l'opposition, ou l'incompréhension, semblait venir de l'IFSMA qui ne comprenait pas, ou ne voulait pas comprendre, que les capitaines pouvaient avoir, tout comme les armateurs, les pilotes ou les commandants de port, une association européenne tout en étant toujours membres de leurs structures internationales.
Toujours est-il qu'après consultation de leurs dirigeants trois associations, le NVKK, néerlandais, le VDKS, allemand, et l'AFCAN, français, désignèrent certains de leurs membres avec mission de travailler sur la création d'une entité représentative des capitaines de navires européens.
Furent nommés pour ce faire les capitaines H. Boer pour le NVKK, G. Kiehne pour le VDKS, J.D. Troyat et J. Chennevière pour l'AFCAN.
Ceux-ci se mirent aussitôt au travail en établissant des contacts croisés, téléphone et courrier, chacun apportant suggestions et idées.
Il fallait avant tout rédiger statuts et règlement intérieur (By-Laws) qui définissent les buts et les moyens de la future structure.
Au fond, ceux-ci seraient, considérés sous une approche européenne, proches de ceux des associations nationales et de l'IFSMA, mais c'était sur la forme que la rédaction était plus compliquée.
Y avait-il un droit européen des associations ? Après enquête auprès de légistes la réponse fut négative.
Il convenait alors, compte tenu des origines diverses des futures associations membres, de rédiger un texte qui ne présente pas d'incompatibilités tant avec les droits de type coutumiers et ceux de type latin.

En conclusion de nombreux échanges, un canevas de statuts et règlement intérieur ayant été élaboré, les rédacteurs décidèrent de se réunirent afin de mettre un texte au point avant de le proposer à leurs instances dirigeantes.
Pour des raisons autant pratiques que symboliques le lieu choisi pour cette réunion fut Bruxelles où les quatre rédacteurs, plus un collègue de G. Keihne prirent, à l'été 1995, passage pour deux jours à l'hôtel « Ibis Sainte-Catherine ». Cet établissement ayant aimablement mis à leur disposition une salle, ainsi que l'usage d'un ordinateur, ce brain trust de capitaines pu finaliser un texte. Pour éviter tout malentendu la volonté de collaborer avec l'IFSMA fut affirmée. Evidemment on établit un budget¹ prévisionnel.
Le fond et la forme des textes fondateurs de l'association ayant été fixés, restait à donner un nom à celle-ci ce qui n'était pas simple car il fallait que son acronyme diffère de et ne puisse être confondu avec un de ceux des nombreux organismes et associations gravitant autour de la Commission européenne, auprès de laquelle d'ailleurs nous comptions être introduit ultérieurement².
Finalement, et après mûres réflexions le nom de «Confederation of European ShipMasters Associations ou CESMA» fut retenu.
Mais toute association ne pouvant fonctionner sans une équipe dirigeante, il fallut en désigner, ou plutôt en coopter, une.
La présidence fut d'abord proposée successivement aux deux plus anciens, Boer et Chennevière, qui déclinèrent prétextant de leur âge, quant à Kiehne il argua de la charge de son travail professionnel pour refuser mais accepta la vice-présidence. Ce fut donc Troyat qui dut « céder à la pression de ses amis » pour devenir le premier président de l'association en devenir. Pour des raisons pratiques, Boer consentit cependant d'occuper provisoirement le poste de Secrétaire général. Par la suite le capitaine Van Hanja accepta de le remplacer.

Le travail semblant achevé, chaque délégation repartit avec une copie du texte sur floppy disk (d'une part le terme anglais est employé car c'était la langue de travail, et d'une autre il n'y avait pas encore d'USB key), pour soumission à ses instances dirigeantes. A noter qu'il fallut trouver, c'était un weeek-end, une boutique où acheter des floppy et une autre, plus facilement, pour faire l'emplette d'une boite de chocolats à offrir aux aimables réceptionistes de l'hôtel Ibis Sainte-Catherine.
Il convenait aussi de choisir le siège de l'association. On pensa de suite à la Belgique mais faute d'association belge parmi les membres fondateurs, ce n'était pas souhaitable. Ce furent donc les Pays-Bas qui furent retenus tant pour leur proximité géographique du siège des institutions européennes que pour la disponibilité du capitaine Harry Boer.
 
Première AG du CESMA - Lisbonne,mai 1996
Après études par leurs équipes et modifications mineures, les délégués se réunirent pour un premier « board meeting » les 10 et 11 septembre 1995 dans les locaux du NVKK à Maassluis aux Pays-Bas où l'association fut enregistrée à la Chambre de Commerce de Rotterdam.
CESMA est donc une association de droit néerlandais.
Une association européenne des capitaines de navire était née et des communiqués de presse furent diffusés pour l'annoncer, chacune des associations se chargeant d'informer les autorités et personnes concernées de son pays.
Mais notre association était encore bien maigre et il allait falloir l'étoffer pour qu'elle soit perçue comme représentative.
Plus facile à dire qu'à faire.

Ce fut d'abord l'IFSMA qui fut informée dès le 11 septembre 1995 de la fondation de CESMA mais ne nous répondit qu'en février 1996 en nous disant que son « board » avait décidé « à une forte majorité » (il y avait donc encore des opposants) de nous faire part « du support de l'IFSMA et de son espoir que CESMA resterait sous le bouclier protecteur de celle-ci ». Cinq mois après ce n'était donc plus le rejet et, malgré ce qui semblait être une tentative de récupération tendant à faire de CESMA un simple membre de la fédération, cette décision permettait aux membres européens d'IFSMA de nous rejoindre sans s'attirer ses foudres.
On répondit en disant être heureux du support de l'IFSMA mais en affirmant vouloir garder notre indépendance en précisant que, comme indiqué dans les statuts, nous ne nous occuperions que des questions relevant de l'Europe, laissant les sujets internationaux au sens large, ainsi que les relations avec l'OMI, à la Fédération. Nous fîmes également part de notre désir de collaborer avec elle.
Concernant les associations, leurs réactions furent variées, elles allèrent de l'anathème à l'adhésion en passant par l'attentisme plus ou moins bienveillant.
Cependant dès la fin de l'année quatre associations (deux italiennes, une espagnole et une irlandaise) avaient rejoint CESMA qui était bien sur les rails et tint sa première A.G le 18 mai 1996 à la suite de celle de l'IFSMA. Ce fut l'occasion de constater que les relations avec celle-ci avaient évolué et étaient devenues « amicales ».
A notre A.G, prirent part les membres du Bureau, les représentants des associations membres et, à titre d'observateurs³, ceux de KBZ (Belgique) et SICOMAR (Portugal).
Ainsi CESMA, conçue à Bruxelles, naquit à Maasluis. Vingt ans après elle réunit 18 associations représentant 14 pays.
Mais le soin de narrer cette croissance est laissé à son premier président le commandant J-D. Troyat et à son président actuel le commandant H. Ardillon.

NOTES
  1. Budget
  2. Le budget prévisionnel pour le premier exercice fut établi sur la base des débours effectués et/ou prévus pour le défunt « European working group ». Il fut libellé en ECU (European Currency Unit). Toujours pour cet exercice le montant prévu fut divisé en parts égales entre les trois associations fondatrices.
    Dès que d'autres associations viendraient intégrer la confédération les cotisations seraient réparties au prorata du nombre d'adhérents de chacune d'elles.

  3. Droits de vote
  4. Les possibilités suivantes pour la répartition des droits de vote furent envisagées :
    1. Pour chaque association membre, au prorata du nombre de ses adhérents. Il apparut que le déséquilibre entre les grands et les petits pays serait trop important.
    2. Un vote par association. Les pays à tradition régionaliste qui ont souvent une association par Région seraient avantagés par rapport à ceux à tradition jacobine.
    3. Un vote par pays, ce qui correspondrait à l'esprit de l'UE. C'est cette solution qui paru la plus équilibrée. Elle fut donc retenue.

  5. Membre « observateur »
  6. Le cas d'associations de pays ayant demandé à entrer dans l'U.E. mais pas encore admis se présenta. Il fut décidé de créer pour eux le statut de « membre observateur » avec cotisation réduite.

Notes supplémentaires
  • En juillet 1996 une note circulaire fut adressée aux associations membres avec copie pour info à trois autres. Deux de celles-ci adhérèrent peu après, la troisième attendit uns quinzaine d'année : Dès la fin de l'année nous étions conviés à participer à plusieurs conférences. Il fallait déjà penser au coût.
  • KBZ adhéra fin novembre 1996.
  • Première News Letter CESMA en février 1997
Cdt Jean CHENNEVIERE
Membre fondateur de l'AFCAN


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