Retour au menu
Retour au menu
Abordage le 28 juillet 2008
entre les transbordeurs Ile de Groix et Saint Tudy,
puis situation très rapprochée entre l'Ile de Groix et le sablier Côtes de Bretagne



Commentaires sur le rapport du BEA Mer

RESUMÉ DES FAITS

         Par forte brume (50 m) signalée par la capitainerie et le pilotage, l'ILE DE GROIX (route de LORIENT à GROIX) et le SAINT TUDY (route de GROIX à LORIENT) se "frottent" à l'entrée nord de la passe de la citadelle (l'ILE DE GROIX ayant mordu sur la partie est du chenal à la suite d'un changement de route tardif)

       A la suite de cet abordage, l'ILE DE GROIX s'échoue sur le plateau du PAIN DE SUCRE à l'est du chenal. Il parvient à se dégager par ses propres moyens mais en voulant regagner le chenal, il passe à 50 m devant un autre entrant, le CÔTES DE BRETAGNE qui doit battre en arrière pour éviter la collision. Sur les conseils de la capitainerie l'ILE DE GROIX ré-accoste à LORIENT.

LES PRINCIPALES CONSTATATIONS DU BEA MER

  • En raison de leurs horaires, les deux navires sont amenés à se croiser dans ou à proximité de la passe de la CITADELLE, point délicat de la traversée (80 m de largeur utile)
  • La brume est un facteur contributif de l'abordage (remarque personnelle : certes, mais on a vu des abordages par beau temps, la vigilance pouvant alors baisser d'un cran)
  • La mauvaise ergonomie des passerelles des deux navires (si cela est explicable sur le SAINT TUDY, ancien, cela l'est moins sur l'ILE DE GROIX, plus récent).
  • La vitesse excessive du SAINT TUDY (10 nds) compte tenu des conditions de visibilité.
  • Mauvaise utilisation des radars sur les deux navires.
  • Comportement inadapté aux conditions de navigation sur l'ILE DE GROIX (musique sur la passerelle).
  • Gestion de la navigation et de veille inadaptée sur l'ILE DE GROIX (table traçante comme seul moyen de navigation dans un chenal étroit, délégation de la fonction navigation à un matelot non diplômé, ordres non réglementaires).
  • Pas de communication VHF entre les deux navires avant l'abordage.

       Concernant la situation très rapprochée avec le CÔTES DE BRETAGNE, il faut remarquer que c'est la première fois qu'une "situation rapprochée" fait l'objet d'une enquête.
  1. Contravention à la règle 9d de COLREG (un navire ne doit pas traverser un chenal étroit en gênant un autre navire)
  2. L'ILE DE GROIX ne répond pas aux appels VHF du CÔTES DE BRETAGNE
On remarque que le CÔTES DE BRETAGNE avait un veilleur sur l'avant

RECOMMANDATIONS

       Le BEA arrose un peu tout le monde mais surtout les deux capitaines.
  • Prendre une vitesse adaptée, utiliser tous les équipements de passerelle (le sondeur de l'ILE DE GROIX n'était pas en route et un seul radar était en fonction )
  • Ne pas faire une confiance aveugle aux cartes électroniques, GPS et tables traçantes.
  • Adopter une organisation de passerelle adaptée. Si le capitaine est seul breveté à bord, il doit assurer la navigation.
  • Utiliser le vocabulaire normalisé et donner des ordres clairs.
  • Supprimer autant que possible les pollutions sonores (musique par exemple)
  • L'obligation d'assistance réciproque est rappelée.
  • Ne pas se précipiter en cas d'échouement et contrôler l'état du navire avant de tenter de se déséchouer.
  • Modifier les horaires pour éviter un croisement dangereux. Il y a déjà eu un abordage similaire en 1987.
  • Élaborer des procédures dans le cadre du code I.S.M. (passerelle, situation d'urgence, etc ).
  • Réviser les règlements du port de Lorient et de ses approches (signalisation des navires, interdiction de croisement).
  • Prévoir un remplaçant breveté pour le capitaine.
  • A la construction des navires, veiller à l'ergonomie des passerelles.
Ces nombreuses recommandations doivent nous faire réfléchir.
       Les appareils électroniques sont très pratiques mais la méfiance et le bon sens marin doivent nous amener à croiser les informations.
       Le VDR (enregistreur de données de voyage) peut nous être favorable, comme il peut nous enfoncer s'il renvoie le son d'une passerelle pétaudière.
       Se posent aussi le danger de la force de l'habitude et la pression commerciale. Un quart d'heure de retard à l'appareillage et l'accident eût peut-être été évité.

Cdt Ch. LOUDES.

Retour au menu
Retour au menu